Section de Gisors

Section de Gisors
Accueil
 
 
 
 

Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière du 3 février 2011, intervention de Marcel Larmanou, maire de Gisors, représentant de l'AMF (du 10/02/11)

Monsieur le président, Madame la directrice, chers collègues

 

 

 

Tenon, Saint-Avold, Vouziers, Mantes la Ville, Pertuis, Toulouse, Brive, Vire, Tarbes-Vic, Aix les Bains, Bagnères, Guéret, Manosque, Lannemezan, Valréas, Decize, Lourdes, Briançon, Decazeville, Digne, Le Creusot, Auch, Privas, Montceau les Mines, Condom, l'APHP... J'arrêterai là ce triste tour de France de la casse de nos hôpitaux.

 

 

 

La mise en œuvre par le gouvernement de la loi HPST frappe de plein fouet nos hôpitaux, nos maternités, nos centres d'IVG... C'est tout notre service public de santé qui se détériore, tant pour celles et ceux qui en ont besoin que pour celles et ceux qui y travaillent. Les franchises médicales, les déremboursements, les dépassements d'honoraires, les restructurations hospitalières, les privatisations, le démantèlement de la sécurité sociale, la réforme de la dépendance, la mise à mal de la psychiatrie publique... remettent en cause l'accès aux soins pour des millions de nos concitoyens.

 

 

 

La loi HPST amplifie et accélère cette politique qui vise à restreindre le service public et à favoriser le privé lucratif, sans compter les menaces qui se profilent contre la Sécurité sociale...

 

Au contraire, ce n'est pas de destruction dont le service public de santé a besoin mais de plus de moyens et de cohérence pour se renforcer et répondre aux besoins de l'offre de soins. Mais c'est une toute autre politique que nous impose le gouvernement.

 

Les arguties employées : sécurité, fuites des patients, regroupement plus efficaces... ne doivent pas nous tromper. Ce sont des arguments à géométrie variable, surtout quand on fixe des chiffres ou quotas. On l'a bien vu pour les maternités : 300 accouchements par an, et alors Juvisy, Ivry, Saint Antoine avec plusieurs milliers... et ailleurs ! Et pourquoi 1500 actes chirurgicaux et pas 1000 ou 2000 pour préserver les services de chirurgie ? D'autant que cela ne veut rien dire. Il faut connaître les actes répertoriés, le nombre de chirurgiens... Il arrive que dans de grands services avec un nombre conséquent de chirurgiens, chacun d'entre eux fasse moins d'actes que ceux d'un hôpital de petite dimension... D'autre part la chirurgie n'est pas une question de quantité mais de qualité, et ceux qui font trop d'actes n'ont parfois pas le temps de bien s'occuper des patients concernés... Mais le bon sens n'est pas ici de mise.

 

 

 

Dans tous les cas ces projets autocratiques et centralistes (regroupement sur des hôpitaux pivots, centraux...).

 

1- Déstabilisent et fragilisent encore plus les établissements visés, et vont avoir dans l'immédiat pour résultat évident d'accélérer les fuites et de rendre quasi impossibles les recrutements de personnels nécessaires, ce qui contribuera encore plus à «justifier» les suppressions ! C'est une politique irresponsable, manipulatrice et scandaleuse en terme de santé publique.

 

2- Ces projets menacent l'activité visée, mais avec elle toutes les autres activités liées, qui vont à leur tour risquer la fermeture, comme malheureusement les multiples fusions passées nous l'ont prouvé : ce sont souvent chirurgie, maternité, urgences, cardiologie, réanimation... L'effet d'entrainement est presque toujours opérationnel, l'hôpital connaissant une évolution en peau de chagrin très rapidement.

 

3- Ces projets détruisent et désertifient encore plus bien des secteurs, et donc vont renforcer les problèmes des populations : déplacements longs, coûteux et dangereux pour ceux qui le peuvent, abandon des soins pour une partie des personnes isolées et/ou à faible revenu. Partout où l'hôpital public est atteint (comme tous les autres services publics), partout l'effet répulsif se produit et renforce les désertifications en cours, à commencer par la médecine libérale, déjà en insuffisance, qui ne vient plus dans ces zones délaissées.

 

4- Il nous faut répéter haut et fort que la destruction de services de santé publique n'est ni la sécurité annoncée (au contraire en raison de la multiplication des déplacements souvent problématiques et les pertes de chances occasionnées par l'éloignement), ni la qualité annoncée (encombrement des sites de regroupements qui ne disposent déjà de pas assez de personnels), ni la démocratie souhaitée puisqu'élus, personnels et usagers ne sont quasiment jamais consultés, et de moins en moins avec la réduction drastique de leur représentation et de leur pouvoir avec la loi Bachelot. Le risque est très grand que nos hôpitaux publics dévastés laissent la place à un privé de plus en plus onéreux pour les usagers, avec des dépassements d'honoraires de plus en plus systématiques une fois que la disparition du service public sera manifeste.

 

 

 

Les difficultés financières dues pour une large part à l'application de la T2A, aggravent la situations des hôpitaux et précipitent la mise en œuvre de ces suppressions de sites, d'unités, de services, de lits et de réductions de personnels.

 

 

 

Autre question, après la nomination des directeurs des Agences régionales de santé, quelles directives sont données par le ministre pour la création des communautés hospitalières de territoires. Se feront-elles sur la base d'entité administratives technocratiques ou sur celle de bassins de vie et de territoires géographiques cohérents ? Permettrons-t-elles ou non le maintien des hôpitaux de proximité ou accélérerons-t-elles leur disparition ? Question majeure dont nous attendons la réponse.

 

 

 

Enfin nous affirmons notre inquiétude pour le devenir du statut de la Fonction publique hospitalière tout comme pour celui du statut de la Fonction publique territoriale. En effet un projet de loi déposé par le député de l'Oise Jean-François Mancel, membre influent de la majorité gouvernementale, vise à supprimer le statut des fonctionnaires territoriaux, sauf pour les fonctions dites régaliennes.

 

 

 

Nous n'accepterons pas ces dérives libérales qui ne feront que nous conduire à la précarisation des services publics et à leur disparition. Vous me répondrez que ces propos n'ont pas leur place dans cette instance. Si c'est le cas, où nous est-il possible d'affirmer notre inquiétude et notre mécontentement.

 

 

Marcel L.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

le 31 mars 2012

    A voir aussi